Biographie

Louis Brisson naît à Plancy, dans l’Aube, le 23 juin 1817. Il est le fils de Toussaint Brisson, modeste commerçant, et de Marie-Savine Corrard. Très vite, il se montre enfant observateur, curieux des choses de la nature, de la chimie, de la physique, de l’astronomie, dispositions qui s’épanouiront, à l’âge adulte, en géniales inventions… Les premières impressions religieuses reçues en famille ne le marquent pas moins : sa maman lui apprend à lire dans « les Visites au St Sacrement » de St Alphonse de Liguori et lui inculque l’amour de l’Eucharistie ; son père lui offre l’exemple d’un chrétien sans peur qui se met au service du clergé pendant la Révolution de 1830. Quelques semaines après sa première Communion, en la petite église de Plancy, il vit une expérience inoubliable : là, devant l’autel de la Vierge (« c’était au bout du 4ème banc ») il a le sentiment très vif que Dieu l’appelle à sauver beaucoup d’âmes et « à le faire aimer d’un amour infini ». Il a 12 ans !
D’abord écolier « dilettante » au presbytère de Plancy, Louis entre en 1831 au séminaire de Troyes. Passée l’humiliation de devoir redoubler la sixième à 14 ans, il rattrape vite son retard, se montre très doué pour les études et en suivra tout le cursus jusqu’à son ordination, le 19 décembre 1840. Déjà professeur de sciences de ses condisciples, il le devient aussi des élèves du pensionnat de la Visitation de Troyes, et à 24 ans, sa maturité et son jugement lui valent d’être nommé aumônier et confesseur de la Communauté. Pendant 40 ans, jusqu’en 1884, il se pénètre de la pensée et de la spiritualité de St François de Sales sous la remarquable impulsion que la Mère Marie de Sales Chappuis imprime à ce monastère. A son école il se forme à reproduire en tout la vie du Sauveur sur la terre Toutefois, il lui résiste longtemps quand elle l’entretient, comme d’un dessein divin, de la fondation d’une Congrégation de prêtres qui répandrait dans le monde l’esprit  et la doctrine de St François de Sales. Elle le désigne pour en être le réalisateur. Il demande des signes que telle est la Volonté de Dieu, les reçoit … son esprit positif les enregistre, mais sa volonté ne cède pas. Ce n’est qu’au Signe par excellence – le Seigneur ressuscité et son injonction muette d’avoir à obéir – qu’il se rendra totalement et sans retour, attendant dès lors le moment de la Providence.
En 1858, il est nommé, pour le diocèse, Directeur de l’Association de St François de Sales. En 2 ans, cette association – au service de la régénération de la foi – compte 6000 membres en 35 paroisses et devient l’instrument d’une quasi « nouvelle évangélisation » en milieu déchristianisé, tant le jeune Directeur sait en dynamiser les membres, les enrôlant dans une ligue de prière et de témoignage dans leur milieu de vie, précurseur en cela de l’Action catholique ;
De plus, attentif aux signes des temps, il perçoit le désert humain, moral et spirituel où « survivent », exposées à bien des dangers, beaucoup de jeunes ouvrières des usines de bonneterie de Troyes, alors en pleine expansion. Non seulement il ouvre pour elles d’abord des patronages du dimanche, puis des maisons de famille et bientôt des écoles, mis il les forme à être apôtres dans leur milieu de vie. Pour assurer la stabilité de ces Œuvres ouvrières – décriées pour leur nouveauté – il fonde, en 1866, la Congrégation des Sœurs Oblates de St François de Sales avec deux anciennes élèves de la Visitation dont celle que l’Eglise a déjà canonisée : Ste Léonie Aviat.
En 1869, l’Evêque d’alors, Mgr Ravinet, charge l’abbé Brisson de relever l’unique collège masculin catholique en faillite. C’est un vrai défi ! L’abbé n’a ni hommes ni argent ! Mais sur l’ordre de son évêque, il jette le filet…Successivement transféré, puis agrandi avec audace en pleine guerre de 1870, le nouveau collège – appelé St Bernard, du nom de l’illustre saint de la Champagne – devient le berceau de la Congrégation des Oblats de St François de Sales entrevue par la Mère Marie de Sales, avec pour premiers religieux le Père Brisson lui-même et ses collaborateurs de la première heure, tous gagnés à l’humanisme salésien et à la pédagogie qui en découle . Celle que les Oblats considèrent, à juste titre, comme leur « fondatrice » n’en verra pas toutefois la pleine réalisation ni les fruits.  La Mère Marie de Sales meurt le 7 octobre 1875.
En cette même année, les Oblats ont reçu du Pape Pie IX leur première approbation romaine tandis que Mgr Cortet succède à Mgr Ravinet à la tête du diocèse. Découvrant les œuvres du P. Brisson, il s’émerveille : « Rien de semblable ne s’est opéré en ce diocèse depuis 200 ans ! ». Et de le nommer Vicaire général, de le choisir comme confesseur… Toutefois les premières fondations du Père hors du diocèse – et bientôt outre-mer avec les premières missions au Sud Afrique et en Amérique du Sud – contrarient les vues du pasteur : son diocèse est pauvre en vocations, il voudrait bien lui réserver toutes les énergies de cette Congrégation naissante. Il s’ensuit un très pénible conflit qui, pendant 10 ans, rend les rapports extrêmement douloureux. Le Père Brisson se voit retirer l’une après l’autre toutes ses charges. 10 ans aussi d’héroïque sauvegarde tant des droits de son Institut approuvé par Rome que de charité humble et respectueuse à l’égard de qui tentera d’anéantir son œuvre. Et lorsque sonne, à Rome, en 1888, l’heure de la réconciliation, c’est à juste titre que le Pape Léon XIII salue le Père Brisson comme « l’homme de la paix ».
A l’opposition du dedans suit bientôt celle du dehors par le fait des lois spoliatrices de 1901-1904 et de la persécution religieuse qui sévit en France. Les Congrégations des Oblats et des Oblates sont alors dissoutes, leurs biens confisqués, leurs membres exilés. Trop âgé pour les suivre, le Père Brisson se réfugie à Plancy. Il n’a qu’un mot d’acquiescement, celui de Job : « Dieu m’avait tout donné, Il m’a tout ôté, son Nom soit béni ! ». Ferme dans la foi et sûr de l’avenir de ses deux Congrégations, il n’est pas ébranlé dans son invincible confiance.
Il meurt le 2 février 1908, à l’âge de 91 ans, pouvant dire en toute vérité : « Maintenant, Seigneur, Tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix car mes yeux ont vu le Seigneur ». En cette même cathédrale St Pierre et t Paul, le 6 février, Mgr Monnier rendit hommage au défunt pour tout ce qu’il avait fait pour l’Eglise qui est à Troyes, surtout pour les œuvres d’éducation et d’apostolat en faveur de la classe ouvrière, et, en geste de vénération, baisa son cercueil.
Prélude du geste qui s’accomplit en cet instant.

top | retour | accueil